Les mots qui font mal

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Aux grands mots, les grands remèdes

Depuis la venue des médias sociaux, il y a des mots en continu. On a dû poser des filtres devant l’immensité. On a dû s’immuniser devant tant de mots parfois incompréhensibles et ingérables. Tout le monde y va de son opinion, elle est dont importante. Une incorporation de mots dont personne n’est responsable. Des mots que plus personnes n’a envie d’écouter. Plus personne n’écoute l’autre. Personne ne s’excuse de causer du tort à autrui. Personne n’est coupable. C’est la faute du système. Ce sont les mots de chaque opinion qui ont raison. Si je le dis, c’est que c’est vrai.

Les mots sont aujourd’hui projetés plus rapidement que nos réflexions. Ils divertissent nos vies sociales virtuelles devenues séries de fiction. Ces mots qui créent un clivage au sein même d’une famille réelle. Y a des mots qui ne se disent pas. Pourtant. Ils se retrouvent sur nos écrans, de hauts et de bas. Très bas. Du matin au soir. Un mur de bipolarité comme compagnon de lit. Ces mots deviennent cauchemars. Un sommeil sans pause. Ils nous notifient même la nuit.

Les mots forgent notre esprit. Dans cette forêt dense et sombre que sont les réseaux sociaux, on y trouve plusieurs sentiers inachevés ou rien d’autre n’aboutis que l’impasse intellectuelle. Une autoroute de nids de poules qu’on a voulu combler de mots sensibles balisé de cônes orangés. Diffusés aux heures où le peuple est syntonisé, c’est-à-dire, en continu. Les mots sont proposés par chacun de nous, devenu créateur de contenu, créateur de bruit, créateur de vide intérieur.

«Ah ! mais au fait, tu as vu comme mon sourire me va bien ?» «J’ai presque pas mis de filtre cette fois-ci, je suis au naturel.» «Suis-moi et tu ne seras plus jamais malheureux!»

Il y a tellement de mots, que s’écouter devient impossible. Il y a les paroles en l’air, qui ne sont rien de moins que des mots qui n’ont plus de poids, gonflées pour épater et faire réagir. Et les paroles s’envolent. Le discours ambiant rend la discussion et les idées sensibles, dangereuses, fatales. Les mots sont trop souvent des déclencheurs de maux. Avec cette cacophonie polluée de malheurs, on a dû encore plus hausser le volume pour créer des contenus plus propices d’arriver dans notre chambre d’écho. Il y a donc une catégorie d’humains haut-parleurs qu’on a parfois envie de faire baisser le volume pour entendre les plus discrets. Les humains discrets qu’on écoute pour nous faire réfléchir. La parole aux sans mots, aux moins verbo-moteureux, à ceux qui ont des mots différents de ce qui est tendance. La différence qui nourrit, qui nous fait grandir. Fuyons le faux. On veut de vrais mots de désespoir, les mots souffrants pour mieux se reconnaitre. On veut les vrais mots heureux et doux à écouter, qui nous offrent des opportunités d’être là pour quelqu’un d’autre. On veut cesser de rencontrer un mur.

Mais les algorithmes et les humains-robot d’aujourd’hui encouragent plutôt les humains haut-parleurs. C’est important pour attirer des pouces. C’est pourtant plus souvent d’un coup de main qu’on aurait besoin et non d’un pouce envoyé en l’air, sans réel engagement. Aucun engagement. Frapper un mur prend un tout autre sens depuis. Plus moyen de raisonner personne. Trop de cris, trop de bruit. On en perd la parole.

Le silence

Et combien de fois as-tu trouvé le silence mailaisant toi? Il faut vite le combler de mots. Peu importe lesquels, juste des mots et encore des mots, des mots tout le temps. Ne prend plus le silence comme un moment pour reposer ton mental. Ne laisse plus le silence s’installer dans ta vie, ça fait trop mal de te retrouver avec toi-même. Attention, on dit qu’il y a le silence qui tue. Si tu veux être vivant et suivre la tendance, éloigne le silence. Tu n’es ni en vogue, ni intelligent si on te surprend à être sans mots. Et être intelligent est si important pour toi n’est-ce pas? Alors trouve toujours les bons mots, les plus recherchés, les plus sophistiqués. Ils sont bien au-dessus du silence ces mots. Ils sont l’expression de ta valeur. Tu es si intelligent. Le silence ne dit rien sur toi de toute façon. Personne n’entend ton silence et ça ne fait pas lever les audiences. Donc le silence n’est pas pour toi. Apprends aux autres tes mots, continue de donner ton opinion si importante, dans tes mots, aussi chaotiques et nébuleux puissent-ils être, en autant qu’ils percutent le mur d’autrui, malgré qu’ils t’enferment à l’intérieur des tiens.

Pendant ce temps, je vais prendre soin de mon silence. Celui qui m’enseigne qui je suis. Celui qui m’apprend la vie. Celui qui calme mon esprit. J’en ai bien besoin parmi vous, chers haut-parleurs, chers diffuseurs de grands contenus importants.

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