Consommer plus en pensant consommer moins

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Une grande quantité de baril de pétrole dans un décor de terre asséchée.

Ça me pèse de voir cette stratégie opaque, de remettre entre les mains d’humains citoyens, la responsabilité de consommer moins pour soi-disant sauver la planète.

Pendant ce temps, des humains actionnaires, directeurs, administrateurs, gestionnaires, politiciens peuvent se réjouir silencieusement, complice ou non, que nous puissions remplacer leur fonction par des mots comme «entreprise», «incorporation», «système», «gouvernement», où personne n’a à porter la responsabilité et le poids des choix collectifs. C’est plus facile de trouver un coupable quand tout le monde, catégorisé sous un seul mot, se sent concerné.

Des mots comme «citoyen», «consommateur», me font me sentir concerné. Par contre, mes actions qui encouragent la décroissance, ne peuvent équivaloir celles des autres humains au pouvoir et à la tête d’entreprises. Ceux-là même qui entretiennent la mésinformation du peuple et de leurs «précieux» et dont «importants» clients, avec leurs produits néfastes et leurs stratégies marketing mensongères. On abuse des faiblesses des gens, de la naïveté, des troubles de dépendances, des situations économiques et géographiques, et j’en passe.

Et comme si ce n’était pas suffisant, nous tous, humains, créateurs de pressions et de tendances sociales, poussons l’arrogance, consciemment ou non, en semant la culpabilité dans l’esprit des gens. En partageant des idées et des suggestions pour sauver la planète. Bien sûr, que nous pouvons changer ensemble, mais sûrement pas sans l’aide de ceux qui ont un plus grand pouvoir. Au moment de choisir une image pour ce billet, j’allais faire l’erreur de choisir une image qui évoque le recyclage. Voyant ainsi mon choix comme un réflexe pour parler du sujet, mais aussi comment ce choix allait participer à ce que je dénonce justement, j’ai alors tourné ma recherche d’images vers la source, une image qui nous rappelle d’où vient ce plastique et pourquoi il n’est pas prêt de disparaître.

Soyons vigilants, attention de grâce, à ces mots et ces actions, avec conscience ou non, qui sont susceptibles de faire culpabiliser nos semblables plus que de les conscientiser. Ne tombons pas dans le piège de servir cette dualité que notre cerveau primitif nourrit trop souvent.

Pour générer du changement durable, que nous puissions faire l’effort de modifier nos mauvaises habitudes et nos comportements dérangeants, le focus doit être positif, sur la nouveauté et non sur la catastrophe. On doit être transparent, ne pas se nier à soi-même, cesser de mentir et faire sentir coupable en utilisant la peur.

Oui l’humain semble bouger plus vite avec la peur de perdre comme déclencheur par rapport à l’appât du gain. Mais quiquonque vit un processus de changement profond de ses habitudes malsaines, que cela fasse des mois ou des dizaines d’années, sait que la visualisation positive d’un futur plus heureux, permet de programmer ses pensées et de conserver le focus sur la solution plutôt que sur le problème.

Ça me pèse de ne pouvoir être qu’un observateur de ces choix discutables de mise en marché, par exemple de remplacer des sacs de plastique polluants par des sacs réutilisables encore plus polluants. On l’a compris, ces nouveaux sacs sont finalement plus payants pour l’industrie. Ça me pèse qu’on nous fasse croire que des pailles en plastique en moins puissent changer quoi que ce soit, alors qu’on continue à nous «voler» et nous vendre notre eau en bouteille, aux profits égoïstes des entreprises étrangères.

Ça me dérange de laver les plastiques à recycler (avec de l’eau potable), sachant qu’ils aboutissent trop souvent dans les déchets en fin de chaîne ou pire dans nos océans.

Ça me fâche de réaliser que malgré mes efforts et mes encouragements à recycler, que de plus en plus de fruits et légumes puissent être suremballés faisant contrepoids à ces efforts grandissants.

Ça me frustre d’observer ce marketing basé sur la croyance que le recyclage est notre seule responsabilité, une bonne solution qui calme nos consciences de consommateur, alors qu’on a laissé «s’effacer» cette notion d’empreinte écologique, qui me paraissait être un marketing plus honnête.

Autre exemple, on programme de plus en plus les produits afin qu’ils s’éteingnent rapidement sans possibilité de les réparer.

Depuis les dix dernières années, je n’ai jamais rempli mon bac vert aussi vite et j’ai pourtant plus que doublé les efforts pour acheter moins (question financière aussi), trouver le plus possible des denrées sans emballage et pourtant, le bac déborde la veille de la collecte. Oui nous sommes 6 à la maison, mais c’est tout de même un phénomène facilement observable de la dernière décennie.

Je ne suis pas seul à avoir vu une plus grande production de plastique dans nos achats. Et pourtant, il y a toujours cette pression exercée sur les consommateurs et apparemment aucune pression sur ces producteurs de déchets. Bien sûr, selon la logique de la bêtise humaine, une industrie comme la pétrochimie est très lucrative et tant qu’elle le sera, il y aura du plastique dans nos vies. Et pour taire les propos dérangeants et lucides qui nuisent à cette industrie, il y aura toujours la création de stratégies populaires, tout naïvement reprisent par des groupes, des influenceurs et réinvestis par la population, qui détournent notre attention afin que les grands pollueurs conservent le statut quo en toute quiétude.

Bref, il serait temps que ces humains dirigeants se sentent aussi concernés par tous ces produits-déchets conceptualisés avec les mauvaises motivations.

Je suis chef d’entreprise aussi et je sais par expérience que nous pouvons être à la fois rentables et écoresponsables! Si vous n’avez aucune solution, démissionnez dès maintenant, vous n’êtes plus utiles à la société, vous êtes même nuisibles! Rappelez-vous que votre entreprise est une entité morale, responsable, au même titre que les individus. Cette notion, évoquée au moment de votre incorporation, semble avoir été archivée dans votre classeur des aveuglements volontaires.

Chers lecteurs, si vous avez aussi des exemples de leurres, qui sous le couvert de l’écoresponsabilité, nous font en fait plus consommer, partagez-les nous en commentaires.

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